vendredi 9 mai 2008

Problèmes majeures de la publicité en Tunisie

Lorsqu'on observe les publicités en Tunisie, que ce soit en télé ou outdoor on ressent qu'on est encore très loin de ce qui se passe en europe, States ou canada.
Tous les bloggeurs par exemple ont tendance à s'acharner sur les agences de publicité sans comprendre réellement le fonctionnement du system.
Je ne nie pas que certains manquent gravement de créativité et que certains n'hésitent pas à voler des idées existantes. Mais un problème plus grave expliquant ce manquement c'est les annonceurs.
Vous n'imaginez pas à quel point ce problème est grave et agassant pour les publicitaires.
On passe des semaines à faire des brainstorming, des focus, on sort avec des idées plus originales les unes que les autres. On imagine déjà la réaction des gens, l'engouement envers ces nouveaux concepts...et puis réunion avec l'annonceur : "Non non, c'est pas de nos habitudes de faire ça, si les autres ne l'ont pas fait encore en Tunisie c'est que ça sert à rien de prendre le risque..."
Et voila des semaines qui s'envolent de 10 secondes.
La seule envi qu'on a dans ces moments la, c'est de taper l'annonceur :)

Ne parlons pas des annonceurs qui vous demandent de changer la couleur d'un personnage noir dans une pub ou un packaging soit disant les Tunisiens aiment les blancs. Et paf tu te prend des propos racistes et tu ne peux pas réagir.
Ne parlons pas des clients qui demandent la lune, des strats venues d'un autre monde avec un budget digne d'une soirée entre potes...

J'espère que ce blog vous permettera de comprendre les coulisses de la publicité en Tunisie. Les contraintes... On essaiera de critiquer les flops Tunisiens en matière de pub avec des points de vue claires et scientifiques non basés sur des appréciations personnelles.

On finit par une petite citation débile:
Faire des affaires sans publicité, c'est comme peloter une fille dans le noir, vous savez ce que vous faites mais personne d'autre ne le sait. ( Edgar Watson Howe)

5 commentaires:

trainspotting a dit…

Ton texte est excellent mais on se demande vraiment après sa lecture si tu vies vraiment en Tunisie.J'ai l'impression d'avoir lu en fait un résumé des idées les plus intéressantes de 99F.

C'est vrai qu'on a l'agence qu'on mérite et même si en tant que chef de produit on n'a pas vraiment voix au chapitre l'annonceur en lui même a l'agence qu'il mérite puisqu'il pourrait tout aussi bien refuser ce qu'elle lui offre.

Bon pour balancer un peu , voici le point du vue du chef de produit:

- un chef de produit a des directeurs qui ont quelques idées arrêtées sur ce que sont les valeurs de la marque ou ne le sont pas
- il subit très régulièrement des coupures budgétaires qui l'empêchent de travailler sur sa marque comme il le voudrait. (le premier budget qu'on coupe est toujours celui de la pub)
- Il est obligé de prendre en compte les clients / distributeurs en même temps que les commerciaux
- Il a une foule de contrainte techniques, de production et de profitabilité qui ne lui permettent pas de faire une série gold quand l'envie lui en chante

- Il est surchargé de boulot, mais en même temps tous les problèmes possibles et imaginables inhérents à un produit finissent tôt ou tard par lui retomber dessus , et malgré une moyenne d'âge de 28 ans il doit faire preuve de plus d'esprit de décision que le gars de l'achat de 40 ans qui se tourne vers lui "alors qu'est ce qu'on fait?"

- Avec tout ça il doit aussi faire le baby sitting de son chef de pub , et lui réapprendre à chaque projet quelles sont les contraintes , et à qui s'adresse le support ou la créa à faire.
Il doit aussi gérer le timing des allers retours à la place du chef de pub.
Il doit se montrer admiratif devant le génie créatif des créa alors même que vous savez parfaitement que la dernière étude conso a montré que ces mêmes ménagères qui demandaient de l'originalité dans la pub télé sont les premières qui devant une pub très originale s'écrient : j'ai rien compris à cette pub où est la démo produit?
(Ne parlons pas bien sûr des crises de nerf suite aux mensonges éhontées type : le coursier est en bas de votre porte, alors que la maquette n'est même pas sortie de chez le créa, ou des maquettes ou on comprend parfaitement que le brief n'a même pas été lu, ou pire des maquettes avec un ancien packaging de la marque, ou les devis d'animation gonflées a fond alors qu'on connait parfaitement les prix réels, etc on pourrait faire un bêtisier là dessus)

- Et avec tout ça il faut que le chef de produit soit créatif ouvert , dimplomate, sache présenter, intuitif, ait un bon sens de l'analyse, soit trilingue, soit disponible 24h sur 24 , etc ...

Critique de pub a dit…

t'a fais le tour aussi on va dire.
le texte que j'ai écrit est tiré de mon vécu tout simplement.
je ne me suis basé que de ce que j'ai vu en agence, et pas n'importe laquelle.
l'annonceur tunisien est un frein à la créativité c'est un fait qu'on doit admettre. c'est à nous maintenant de l'éduquer

trainspotting a dit…

C'est le consommateur tunisien qui est un frein à la créativité mon cher. Et bonne chance pour l'éduquer

trainspotting a dit…

Je nie pas que beaucoup d'annonceurs la freine mais il n'empêche que les créa sont aussi déconnectés des ménagères , ils ne font pas d'études de marché , c'est l'annonceur qui les fait et il est obligé de reconnaitre devant les résultats de ces études que la ménagère n'est pas toujours sensible à ses élucubrations créatives. C'est dommage mais c'est ainsi.

Anonyme a dit…

le problème de la pub en tunisie, c'est le problème de la créativité en général en générale,
les agences, meme les plus grosses se rémunèrent quasi-exclusivement sur les remises fournisseurs etc... les honoraires créa sur budget (généralement 10%) ne suffisent meme pas a couvrir les frais de personnel, et dès qu'elles osent demander un réajustement des honoraires, les annonceurs courent vers d'autres agences qui se "prostituent" pour 2 francs cinquante...
Les agences ne se mettent pas d'accord entre elles sur des minima, elle ne valorisent pas leur propre boulot, les annonceurs courent au moins disant, le consommateur au moins cher... tout cela s'appelle "Nivellement par le bas" c'est beaucoup plus grave que La Pub, c'est social.
PS: Il n'y a que les Karoui qui arrivent par je ne sais quel tour de magie à imposer une tarification normale!, bon courage pour l'éducation